Les enseignant•e•s du département n°3
Categorie : Actualité
Bonjour à tous et à toutes !
Nous vous proposons cette semaine un nouvel article dédié aux enseignant•e•s du département. À travers cette interview, vous pourrez découvrir Stéphane Djahanchahi, attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’UFR SLHS et co-responsable du CMI « Conseil en communication numérique », son parcours ainsi que ses conseils. Bonne lecture !
Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, cette année je suis attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) au sein du département Information-Communication. Je suis également co-responsable, avec M. Nicolas Peirot, du CMI « Conseil en communication numérique ». J’ai un Bac Littéraire option cinéma et audiovisuel, un Master recherche en géographie et un Master recherche en sciences de l’information et de la communication (SIC). Mes sujets de prédilection ont toujours été les questions socialement vives, c’est-à-dire qui intéressent les différents types d’acteurs de la société (scientifiques, politiques et citoyens). En géographie, j’ai travaillé sur la question des conflits autour du secret-défense appliqué au nucléaire, et plus largement sur la perception de ce secret-défense par les citoyens. Aujourd’hui, je travaille sur des questions de santé.
Quel parcours académique/professionnel avez-vous suivi ?
Suite à mon Master en géographie et aménagement du territoire, j’ai très brièvement travaillé à la préfecture puis au Tribunal administratif de Côte d’Or, au service des enquêtes publiques, puis je suis retourné vers l’université pour travailler quelques années comme ingénieur d’études pour divers projets de recherche au laboratoire d’économie (LEDI, à l’Université de Bourgogne), à la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon ou au Centre d’Economie et de Sociologie Appliquées à l’Agriculture et aux Espaces Ruraux (le CESAER, qui lie Agrosup et l’INRA).
Pourquoi avoir choisi les sciences de l’information et de la communication ? Qu’est-ce qui vous a attiré ?
J’ai rencontré celui qui allait devenir mon directeur de thèse dans un projet pluridisciplinaire qui liait des laboratoires d’économie, de psychologie et de sciences de l’information de la communication. Le laboratoire en SIC (le CIMEOS) était intégré à un laboratoire d’excellence (Labex, le LIPSTIC), programme de recherche liant des laboratoires de différentes universités en France et à l’étranger. Nous avons monté un projet de thèse sur une question intéressant la médiation des savoirs et la santé sur internet, qui a été retenu et co-financé par la région Bourgogne Franche-Comté et l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR).
Quels travaux avez-vous pu mener/menez-vous au sein des sciences de l’information et de la communication ?
J’ai pu travailler, grâce à ma formation de géographe, pour un projet de recherche piloté par le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires (CGET), dépendant du Ministère de la ville, sur l’usage des données territoriales par les acteurs locaux. Avaient-ils connaissance de ce qui se faisait en termes de production de données et d’indicateurs sur leur territoire ? Étaient-ils à même de les mobiliser et quels freins pouvaient-ils rencontrer ? Voilà un petit peu le genre de questions que nous nous sommes posées. Aujourd’hui, je travaille sur des questions de médiation des savoirs en santé pour ma thèse de doctorat en SIC.
Qu’est-ce qui selon vous est un élément important ou une plus-value chez un professionnel de l’information communication ? Chez un chercheur en sciences de l’information et de la communication ?
L’une des difficultés est de se faire entendre car tout le monde à son mot à dire sur la communication ou l’information, que ce soit du côté scientifique ou dans les milieux professionnels. Assez peu de monde connaît finalement bien les SIC.Dans un cursus en SIC, on est très tôt confronté à une pluralité d’approches scientifiques et donc à différents choix épistémologiques et méthodologiques que l’on doit opérer pour décrire et comprendre le réel. En découvrant l’histoire des sciences de l’information et de la communication, on approche différents courants scientifiques que l’on cherche à combiner, on se rend compte que rien ne va de soi, que toute connaissance est le fruit d’un processus de négociation et de légitimation entre les scientifiques d’abord, puis entre les scientifiques et le reste de la société. Que l’on parle de n’importe quelle “découverte” scientifique, il faut garder à l’esprit qu’elles ne se sont pas imposées d’elles-mêmes. Une connaissance, c’est « quelque chose » produit par les humains pour les humains avec un objectif de compréhension, d’explication voire de prédiction du monde qui nous entoure (Newton n’a pas vu la pomme tomber, il l’a regardée tomber, en se questionnant sur sa chute).
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants souhaitant devenir de futurs professionnels ou chercheurs en information communication ?
Soyez curieux, lisez, questionnez-vous sur vos semblables et ce qui vous entoure. Demandez-vous pourquoi vous ressentez les choses, pourquoi elles vous semblent vraies ou non, solides ou non. Il faut comprendre ce qu’on a comme intuition, admettre de les avoir pour ne jamais s’en contenter. Avoir une intuition sur une question, c’est une porte d’entrée pour commencer à comprendre les termes dans lesquels on se la pose, puis pourquoi on a choisi ces termes, qu’est ce que cela peut vouloir dire, en nous et pour les autres. On peut ensuite se demander ce que cela va faire au monde de la poser puis de tenter de la résoudre. Cette démarche confère de l’éthique. Vu ce que les professionnels de la communication font au monde, il faut plus que jamais se l’imposer.
Une citation pour clôturer ce portrait ?
« Poussée aux limites, l’idée selon laquelle la réalité est construite ne fait pas que proposer un nouveau slogan aux croyances qui se généralisent à ‘l’ère du soupçon’, c’est-à-dire dans un temps où les valeurs de la science et celles de la démocratie d’opinion deviennent dominantes, et qui, à ce titre, demeurent malgré tout des croyances. Elle dissout la réalité dans les opérations multiples qui concourent à la construire et, du même coup, ne permet plus de la distinguer de sa représentation, et de la représentation de sa représentation, entraînant un processus de mise en abîme qui détruit l’assise métaphysique sur laquelle repose la compréhension de l’histoire (et par là, également, du social en général) et aussi, par voie de conséquence, l’auto-interprétation de l’expérience personnelle, c’est-à-dire la causalité. » Boltanski, L. (2012). Enigmes et complots, une enquête à propos d’enquêtes. France : NRF Essais Gallimard.
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